La street photography, est une discipline photo aussi simple que difficile à bien pratiquer.
Simple, car dans le fond il suffit de sortir de chez soi avec un appareil photo à la main pour photographier le monde qui vous entoure ; difficile, car revenir chez soi avec des photos vraiment intéressantes n’est pas aussi aisé qu’il n’y paraît.
Le marché de Saint Girons c’est un peu mon « laboratoire » car j’aime son ambiance (même si depuis la Covid… les choses ont changé).
Le projet ne vise pas à photographier les commerçants, les artisans de façon frontales et dans un but « descriptif » mais plutôt de capter un instant, une émotion ou bien encore une attitude.
Pour cela, il faut trouver la bonne distance avec le sujet, la distance avec laquelle vous êtres à l’aise pour le photographier.
Dans un court entretien avec Raymond Depardon explique que cette distance et le choix de la focale est une affaire personnelle, il n’y a pas de règle sauf celle du photographe ou exceptionnellement quelques contraintes techniques imposant telle ou telle focale.
« C’est toi, tu es ton objectif préféré. C’est toi qui décides, pas l’objectif »
C’est vrai que d’avoir été photographe de presse puis d’être passé par l’agence Magnum, l’un et l’autre m’ont enrichi. Avec la photo de presse, j’ai appris à aller vite. Chez Magnum, j’ai compris qui j’étais : à l’agence, on m’a demandé si j’étais quelqu’un qui aimait faire des photos à 5 mètres, à 3 mètres, à 1,50 mètre. Il a fallu que je trouve ma distance.
C’est toi, tu es ton objectif préféré. Il faut prendre ça comme étant un problème. C’est toi qui décides, pas l’objectif. Moi, venant de Gamma, je ne savais pas. Je pensais que c’était le 35 mm mais je me suis rendu compte que j’étais toujours trop loin. En fait, je suis plutôt 50 mm. Je suis en fait très classique, avec une marge de 3 à 5 mètres. Sauf le politique. Là, je suis au grand-angle, je rentre dedans. Quand un homme politique plonge dans la foule, là, je suis au grand-angle. (Raymond Depardon 22/03/2019)
Coté matériel, il est donc difficile de conseiller le combo boitier/objectif idéal.
Pour moi, l’exercice de la street photographie est l’occasion de travailler avec une focale fixe (canon 135 f/2). Photographier avec une focale fixe a été pour moi une (re)découverte de la photographie… être en alerte, se positionner, trouver l’angle et composer avec les aléas qui parfois donnent même une autre dimension à l’image. Là où on aurait cadré parfaitement en suivant la loi des tiers, sans qu’un autre sujet traverse le champ de l’objectif, la focale fixe prend ce qu’on lui donne et donne une dimension différente à la photographie.
135mm f/2 c’est mon objectif chouchou que j’adore! bizarrement couplet à un Sony A7III.
Je suis beaucoup moins à l’aise avec un 50mm (trop proche du sujet). Néanmoins il m’arrive d’utiliser le grand angle à 16mm.
Au fil du temps, je me suis aperçu qu’une seule photo ne permettait pas toujours de rendre compte des émotions et des attitudes. Un peu comme si il manquait des photographies pour temoigner de la réalité de la scène. J’ai donc testé la vidéo avec un stabilisateur offrant la possibilité de réaliser des plans séquences.
Mais je manquais de réactivité… à vouloir tout mettre en boite en 25 images par seconde j’en oubliais les fondamentaux, c’est à dire la vitesse de réaction et l’attention que nécessite la photographie de rue.
La délivrance… ?! en visionnant mes rushs photos, j’hésitais dans le choix des images retenues et de mes publications… j’ai compris que c’était la chronologie de plusieurs photos qui donnaient sens à la situation. J’enchaine donc les prises de vue de façon à décomposer en 5-6, 10 photos la scène.
Par la suite j’ai gardé cette habitude de la technique de la chronophotographie me permettant de reconstruire une séquence.
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